Jacques Marquette est né le 10 juin 1637, à Laon, dans l'ancienne province française de l'Aisne. Il a 17 ans quand il entre au noviciat des Jésuites de Nancy où il ne tarde pas à dévoiler l'orientation qu'il veut donner à son existence : « qu'il me soit commandé de partir pour les pays étrangers. C'est l'objet de mes pensées depuis ma plus tendre enfance. » Il revient à la charge en 1665, à la fin de ses études universitaires : « autrefois, écrit-il à son supérieur, je me sentais porté vers la mission des Indes ; aujourd'hui, je me rendrai très volontiers en quelque pays qu'il vous plaira de m'envoyer. » En 1666, on accorde à Jacques Marquette les missions du Canada où il arrive, le 20 septembre. Il l'ignore encore, mais il sera à l'origine de la première exploration du Mississippi par les Français. |
Écolier en langues amérindiennes | ||
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Le 20 mai 1668, Jacques Marquette part de Québec – qu'il ne reverra sans doute plus – pour se rendre au Sault Sainte-Marie où il va épauler le jésuite Claude Dablon qui s'y consacre à l'évangélisation des Outaouais. |
Rejoindre les nouveaux peuples | ||
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Au cours de l'automne 1669, Jacques Marquette se rend à l'extrémité ouest du lac Supérieur où il fonde « la mission de la pointe du Saint-Esprit ». Outaouais et Hurons adoptent l'établissement. Ils croisent bientôt de « nouveaux peuples », dont les Illinois, qui connaissent une partie du « Missispi ». Désireux de s'y rendre dès le printemps, Marquette consacre l'hiver à l'apprentissage de la langue des Illinois. Mais il connaît les limites de ses capacités : il doit être autorisé à entreprendre ce voyage hasardeux et il doit être accompagné. |
Louis Jolliet et le père Marquette descendant le Mississippi |
Louis Jolliet entre en scène | |
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Malheureusement, l'état de guerre entre tribus force Marquette à abandonner la mission du lac Supérieur pour retourner dans la région de Michillimakinac (Makinac). Pendant que Jolliet regagne Québec, le missionnaire choisit l'île Manitoulin (Manitoulin Island) pour, à la fin de juillet 1671, fonder la mission Saint-Ignace. |
Où le Mississippi conduit-il ? | ||
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Jolliet et Marquette chez les Péorias |
Continuant vers le sud, ils observent le Missouri d'abord, puis l'Ohio et, sur plus de 450 kilomètres, les terres baignées par le Mississippi. Ils sont maintenant convaincus qu'en continuant vers l'ouest ils atteindront la Californie et la mer Vermeille (océan Pacifique) et, qu'en descendant vers le sud, ils verront le golfe du Mexique. Ils n'iront pas plus loin : « Nous considérâmes de plus, écrit Marquette, que nous nous exposions à perdre le fruict de ce voyage duquel nous ne poussions pas donner aucune connoissance, si nous allions nous jeter entre les mains des Espagnols qui sans doubte nous auraient du moins retenus captifs. » Le voyage de retour débute à la mi-juillet. Le groupe quitte le village des « Akensae » en direction du Mississippi. Ils remontent vers le nord-est par la rivière Illinois jusqu'au lac Michigan et la baie des Puants. |
Mort au milieu des forêts | |
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Jolliet et Marquette « Le Pere Jacques Marquette ayant promis aux Ilinois au premier voyage qu'il fit chez eux en 1673, qu'il y retourneroit l'année suivante pour leur enseigner sa parole. Les grandes fatigues de son premier voyage luy avoient causé un flux de sang, et l'avoient tellement abbattu, qu'il estoit hors d'esperance d'entreprendre un 2nd voyage. Cependant son mal ayant diminué, et presque entierement cessé sur la fin de l'este de l'année suivante, il obtint permission de ses Superieurs de retourner aux Ilinois po y donner commencement a cette belle Mission. » [Dablon [1860], 100] Jean-Baptiste Colbert, ministre de la MarineJolliet passe l'hiver à Sault Ste. Marie à rédiger son journal de voyage, à tracer des cartes et à les copier. En revenant vers la colonie, son canot chavire en descendant les rapides de Lachine, près de Montréal. Deux Français et un esclave illinois qu'on lui avait donnés se noient. Sa boîte de documents disparaît à tout jamais et lui-même est sauvé de justesse! Comble de malchance, la copie des précieux documents laissée à Sault Ste. Marie brûle dans un incendie. Les seuls documents qui nous sont parvenus de ce voyage sont un récit et une carte que le père Marquette a envoyés à Claude Dablon. Les autorités sont déçues du fait que le Mississippi ne coule pas vers l'Asie. Le ministre de la Marine, Jean-Baptiste Colbert, refuse à Jolliet la permission de s'établir en Illinois, parce que sa politique interdisant la traite à l'ouest de Montréal est encore en vigueur. Le marchand-explorateur n'abandonne pas l'exploration pour autant. En 1675, il épouse Claire-Françoise Bissot, fille d'un trafiquant de la Côte-Nord, et entreprend de faire la traite des fourrures dans ce coin de pays. Rapidement, Jolliet compte parmi les marchands influents de la Nouvelle-France que le gouverneur et ses pairs consultent lorsqu'ils doivent prendre des décisions importantes. En 1679, on l'envoie à la baie d'Hudson, où il se rend par le Saguenay, route connue depuis 1672 grâce au voyage du jésuite Charles Albanel. Au fort Rupert, il rencontre le premier gouverneur de la Compagnie de la Baie d'Hudson, Charles Bayly, qui, ayant entendu parler de ses découvertes, l'invite à se mettre au service des Anglais. Jolliet revient de ce voyage convaincu que les Anglais font à la baie d'Hudson le plus beau commerce de castors qui soit, et il invite discrètement le roi à empêcher les Anglais de s'établir plus loin, car cela pourrait s'avérer désastreux pour la Nouvelle-France. De plus, Jolliet perçoit que le succès de la Compagnie de la Baie d'Hudson peut nuire à son commerce à Mistassini. L'année suivante, Jolliet obtient la concession de l'île d'Anticosti; il veut y établir la pêche à la morue et la chasse aux loups-marins et à la baleine. Dès 1680 ou 1681, il passe la belle saison à cet endroit avec sa famille et surveille la pêche. L'hiver, il donne des cours de cartographie au Séminaire de Québec. En 1694, Jolliet entreprend un voyage d'exploration le long de la Côte-Nord et du Labrador, où il monte jusqu'au parallèle 56º8'. Plusieurs explorateurs, dont Davis, Waymouth, Knight et Bourdon, et de nombreux pêcheurs étaient déjà allés dans cette région, mais aucun n'en avait fait une description précise ou n'en avait dressé la carte. À partir des îles de Mingan, qu'il quitte en juin, Jolliet cartographie la côte pendant tout l'été. En plus d'une description des côtes du Labrador et de leurs habitants, son journal de voyage comporte 16 croquis cartographiques. C'est la plus ancienne description connue du littoral compris entre le cap Charles et Zoar, d'où son importance historique. De plus, c'est, en 1694, le portrait le plus complet et le plus précis jamais fait des Inuits. Jolliet est l'un des meilleurs pilotes de bateau du pays; en 1695, le gouverneur Frontenac l'envoie piloter la Charente, navire parti tard à l'automne, considérant qu'il est peut-être le seul à pouvoir bien s'acquitter de cette tâche. Il reviendra de ce voyage, mais on n'a plus trace de lui pour ce qui est des trois dernières années de sa vie. Jolliet a connu de son vivant une renommée internationale. Partout en Europe des ouvrages ont célébré sa découverte du Mississippi, mais personne ne sait à quel jour ni à quel endroit il est |